De Turpan à Kashgar : 24 heures de train ! (Xinjiang, Chine)
Après avoir exploré pendant quelques jours les environs de Turpan, direction Kashgar... j'ai hâte ! Le nom de cette ville à lui tout seul me fait frissonner, après avoir tant lu et entendu sur ce carrefour de l'Asie Centrale... Environ 1200 kilomètres séparent Turpan de Kashgar, et c'est parti pour un beau voyage en train !
En réalité, le train pour Kashgar ne part pas de Turpan, mais de Daheyan, située à une grosse heure de bus de Turpan. Seul étranger au milieu d'un bus rempli de Ouïghours, je suscite la curiosité. Mon voisin, un vieillard avec une longue barbe blanche, me dévisage longuement. La conversation s'engage, c'est (évidemment) assez basique : "Muslim ? - No, Christian ! - American ? - No, French !". Il a semblé satisfait de mes réponses, je pense que ce sont les seuls mots qu'il connaissait en anglais...
Outre cette conversation d'anthologie, ce court trajet de bus a été marqué par une véritable tempête de sable. La dépression de Turpan (voir ici) est réputée pour ses vents souvent déchaînés qui soufflent (force 8 à 12) plus de cent jours par an. J'étais en train de m'assoupir sur mon siège, quand soudain tous les passagers autour de moi se sont agités pour fermer les fenêtres le mieux possible. Et en quelques secondes, le bus s'est retrouvé dans un nuage de sable ! Une poussière très fine s'est engouffrée à travers les rares interstices, nous obligeant à mettre un vêtement sous le nez pour respirer. Pendant de longues minutes, le bus fut littéralement secoué de gauche à droite, au rythme des rafales de vent, obligeant le chauffeur à rouler au ralenti. Je vous jure, c'était impressionnant, et surtout complètement imprévisible ! Mais apparemment j'étais le seul étonné, tout le monde avait l'air de trouver ça complètement normal...
La ville de Daheyan n'a aucun intérêt en soi, mais c'est ici que s'arrête le train en provenance de Urumqi et en partance pour Kashgar. Toujours un vent à décorner les yacks, et juste le temps pour moi d'avaler un plat de noodle dans un boui-boui local...
Hop, 15h01, le train s'ébranle, c'est le départ. Nous étions sensés passer 21 heures dans ce train, mais les vents violents nous ont causé un arrêt imprévu au milieu de nulle part... résultat, nous arriverons à Kashgar après 24 heures de voyage !
Ci-dessous, une série de photo de ce long trajet en train. J'ai volontairement appliqué sur ces photos un traitement spécifique, type sepia, qui reflète selon moi un peu mieux cette ambiance confinée, où chacun tue le temps à sa façon : discuter avec ses voisins de cabine, grignoter un morceau, fumer une cigarette, lire quelque pages, dormir quelques heures... le temps semble tourner au ralenti, au rythme du roulis sur les rails... j'aime les voyages en train, et celui là ne m'a pas déçu !
J'ai fait un heureux dans ma cabine, quand j'ai proposé d'échanger ma couchette du bas contre celle du haut... alors que les couchettes inférieures sont plus chères ! Mais je préfère être en haut, on est plus tranquille...
(Vous allez me dire, mais alors pourquoi avoir acheté un ticket pour une couchette inférieure ?! Je vous l'ai déjà dit, j'ai des progrès à faire en chinois, et le type m'a tout simplement vendu la couchette la plus chère !!)
Du côté des paysages traversés, ce sont surtout des paysages désertiques, souvent à perte de vue. A noter, une agréable surprise au réveil (le genre de truc qui me met de bonne humeur pour la journée), avec une vue superbe sur les montagnes enneigées du Tian Shan !
Alors, certes, il aurait été plus simple (et surtout beaucoup plus rapide) de prendre l'avion, mais c'est tellement moins drôle... Ces longs trajets font véritablement partie du voyage !
Et vous, les voyages en train, vous aimez ça ?
Thib.